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Collaboration et délégation en EHPAD ?
La collaboration n’est pas égale à délégation !

En EHPAD, le circuit du médicament ne laisse aucune place à l’improvisation. Prescription, dispensation, administration : chaque étape est réglementée pour protéger les résidents comme les professionnels. Pourtant, une confusion persiste encore trop souvent dans les établissements : collaborer n’est pas déléguer.
I- La collaboration : un appui exceptionnel sous responsabilité infirmière
La collaboration correspond à l’aide exceptionnelle qu’un infirmier peut recevoir d’un aide-soignant, d’un AES ou d’un AMP dans le cadre de son rôle propre.
Exemples de collaboration :
- accompagner un résident lors de la prise de ses traitements et vérifier l’administration effective des médicaments,
- observer l’apparition d’effets indésirables,
- ou encore veiller à la bonne hydratation avant la médication.
Elle doit rester exceptionnelle et s’exercer uniquement avec un personnel diplômé d’État et formé.
Un faisant fonction soignant ne peut en aucun cas, même de nuit, vérifier l’administration effective d’un traitement ni co-signer une administration.
Mais dans tous les cas, la responsabilité de l’acte reste exclusivement celle de l’infirmier.
L’aide-soignant soutient, il n’agit pas à la place de. La collaboration est un travail d’équipe, pas un transfert de responsabilité.
Vigilance en fonctionnement dégradé
Lorsqu’aucune infirmière titulaire n’est présente sur site (absence imprévue, nuit, week-end…), l’établissement peut fonctionner en mode dégradé, selon une procédure validée par le médecin coordonnateur.
Dans ce contexte, la collaboration ne doit en aucun cas se transformer en délégation.
Les professionnels désignés (AS) pour appliquer la procédure doivent être diplômés d’État, formés à l’utilisation des chariots robotisés et à la reconnaissance des traitements préparés par l’IDE.
Cette organisation encadre uniquement la distribution des médicaments de Vie Courante (VC) autorisés.
Exemples de VC : paracétamol, collyres, pommades antiseptiques, pansements simples.
II- La délégation : exclue du circuit du médicament
La délégation, elle, implique un transfert de responsabilité. La personne à qui l’acte est confié devient responsable de son exécution.
Or, dans le circuit du médicament, cette délégation est strictement interdite :
- Un non-médecin ne peut retranscrire une ordonnance.
- Un non-infirmier ne peut administrer un traitement.
Toute confusion sur ce point peut exposer l’établissement à des risques juridiques, organisationnels et éthiques majeures.
III- Renforcer la collaboration sans dérive : des leviers concrets
- La traçabilité :
- Retracer le suivi dans les transmissions (ex. “accompagnement à la prise, observation de nausées, IDE informé”).
- Mettre en place un système simple de co-signatures (IDE + AS) lorsqu’une aide intervient dans le cadre d’une collaboration.
- Les procédures :
- Afficher dans la salle de soins un rappel visuel : “Ce que l’IDE peut déléguer / Ce qu’il ne peut pas déléguer”.
- Mettre à jour le livret d’accueil des nouveaux soignants avec un chapitre spécifique sur la distinction collaboration/délégation.
- La formation continue :
- Prévoir une session annuelle courte (1h) intégrée dans le plan de formation pour rappeler les rôles, illustrée par des situations concrètes rencontrées dans l’établissement par exemple.
- Utiliser des cas pratiques (“Que faites-vous si… ?”) pour lever les zones de doutes.
- La communication quotidienne :
- Instaurer un temps de transmission écrit ou oral où l’AS peut signaler ce qu’il a observé (ex. refus de prise, effets indésirables).
- Encourager les aides-soignants à poser la question “Je le fais ou j’en informe l’IDE pour avoir une marche à suivre ?
- Les indicateurs de suivi :
- Suivre le nombre d’incidents liés à la médication et analyser s’ils sont liés à une confusion de rôles.
- Identifier les moments où la charge de travail favorise les glissements de tâches, pour ajuster l’organisation (par ex. lors des heures de repas).
Collaborer = OUI, Déléguer = NON
La collaboration IDE–AS est un travail d’équipe possible, à condition qu’elle reste exceptionnelle, encadrée et tracée.
Elle s’appuie sur la connaissance du cadre réglementaire, la traçabilité et la communication.
C’est cette rigueur partagée qui garantit la sécurité du résident, la sérénité des soignants et la qualité du soin.
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Sources
Article R4311-4 – Code de la santé publique – Légifrance
Règles et actes professionnels (dit décret de compétence) +++++ – SNPI
Section 1 : Actes professionnels. (Articles R4311-1 à D4311-15-2) – Légifrance